ECLAIRAGE HISTORIQUE

Le Logis d’Equilly, entre terre et mer, résistance et renaissance,

sur les chemins du Mont-Saint-Michel

Seigneurie prospère au Moyen-Âge

Lorsqu’au cours de la guerre de Cent Ans, Jean de Sainte-Marie, écuyer, seigneur d’Equilly, part défendre le Mont-Saint-Michel contre les assauts anglais, il laisse derrière lui son domaine prospère situé dans la baie du Mont dans l’arrière-pays granvillais non loin du littoral. Sa seigneurie comprend des terres et des forêts, un petit château-fort entouré de douves - Equilly viendrait du mot latin aqua et désignerait un lieu entouré d’eaux -, un étang, un colombier, un moulin banal, une basse-cour, une chapelle et une grange à dîmes. Situé sur les chemins de pèlerinage du Mont-Saint-Michel, entre l’Abbaye de Hambye et l’Abbaye de la Lucerne, Granville et Villedieu-les-Poêles, la seigneurie d’Equilly voit passer beaucoup de monde. En son prieuré, les pèlerins venant souvent de loin font halte avant l’une des toutes dernières étapes de leur chemin, qui a commencé pour certains aux Pays-Bas, en Rhénanie ou encore en Alsace. Les documents conservés aux Archives de la Manche permettent de remonter son histoire dès le XIème siècle époque à laquelle la seigneurie d'Equilly dépendait du comté de Mortain puisque lorsque Robert de Mortain fonda dans sa ville un chapitre de chanoines il donna à cette abbaye la dîme de sa forêt d'Equilly avec la dîme de ses domaines.

Le Logis d’Equilly et le Mont-Saint-Michel

L’histoire du Logis d’Equilly est liée à celle glorieuse du Mont-Saint-Michel : lors de la bataille décisive du 17 juin 1434, cent-dix-neuf chevaliers, dont le Seigneur d’Equilly, réunis par Louis d’Estouteville,  gouverneur de Normandie et capitaine du Mont-Saint-Michel, brisent la dernière attaque des Anglais contre le Mont, mettant fin à un siège de trente ans.

Aujourd’hui encore, on peut lire sur la plaque commémorative posée dans l’église abbatiale  les noms des chevaliers qui ont résisté héroïquement pour défendre la cité de l’Archange.

Renaissance

Le Moyen-Âge va vers sa fin, et le Logis d’Equilly verra bientôt sous les lumières de la Renaissance prendre de nouvelles formes et couleurs, se transformant sous la résidence de la famille de Sainte-Marie, qui dura du XIIIème siècle jusqu’au XVIIIe siècle, en beau château doté de belles avenues, d’une cour d’honneur, de pavillons d’accueil et d’un parc français aux accents italiens, avec une pièce d’eau, une roseraie et un cadran solaire et lunaire en pierre, en forme de sphère, portant la date de 1671 et le nom de Sainte-Marie, ouvrage d’origine italienne.

Le Logis d’Equilly, Résidence des gens de mer

Le Logis d’Equilly  à la fin du XVIIIème siècle, se pare du caractère maritime en devenant la demeure de Gilles VASSE,  lieutenant de frégate, armateur d'origine malouine qui embarque de Granville pour pêcher la morue dans les eaux froides de Terre Neuve. Lui et sa famille sont pris dans les tourments révolutionnaires. Son fils Eustache ordonné prêtre en 1775 fut emprisonné plus de deux ans pour avoir refusé de jurer fidélité à la Constitution. A travers les mots de ses ennemis qui l'ont condamné, on devine la force de caractère de ce personnage: "l'un des hommes les plus dangereux de ces contrées, ex-seigneur, prêtre réfractaire, royaliste éhonté, fanatique cruel...sa maison a toujours été le rendez-vous de Chouans!"

L’histoire maritime du Logis  se poursuit avec Charles Regnault de Prémesnil vice-amiral  et vice-président du Conseil de la marine. Le plafond de la grande salle à manger fait de poutres de navires et la grande terrasse extérieure à double escaliers en forme de pont de bateau pour permettre à l’amiral de faire son quart tous les matins, témoignent encore de  l’importance de la mer pour la demeure.

Patrimoine et culture

Lorsqu’en 2005, un jeune couple originaire de la région, Marc et Christine Huline, parents de trois enfants, font l’acquisition de la seigneurie abandonnée depuis plusieurs années, l’histoire reprend vie au Logis. Animée par la conviction que le patrimoine est quelque chose de vivant et qu’il s’enrichit en se partageant, la famille Huline décide d’ouvrir au public le château en en faisant  une Maison d’hôtes et un lieu de culture, axé sur la mise en valeur du patrimoine architectural et historique du Logis, d’une part, la valorisation des métiers d’art de la région, l’organisation d’événements, de rencontres et d’activités culturels d’autre part.